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 WaIler, le vieux cheminot, parcourt toujours la voie qui lui a été 
        confiée bien qu'il ait atteint depuis long temps I'âge de 
        la retraite et qu'il s'agisse d'une ligne secondaire à voie unique, 
        dans une petite vallée de I'AIIgäu, devant bientôt être 
        désaffectée. Jour pour jour, pas à pas, de traverse 
        en traverse il marche le long des rails contrôlant aiguillages et 
        signaux, ponts et quais. Pour son dernier voyage il va retraverser le 
        temps tout comme le temps I'a lui-même traversé. De station 
        en station il revit le long de la voie ferrée les différentes 
        étapes de son existence. On saute d'une époque a I'autre, le passé et le présent 
        s'estompent et c'est une reflexion sur le changement et le progrès 
        qui s'instaure. Au fur et à mesure qu'il avance, I'herbe envahit 
        la voie, les gares et les installations se délabrent. A la fin 
        on a I'impression que cette ligne est déjà désaffectée 
        depuis des années. Lorsque WaIler passe le dernier butoir la métamorphose 
        de la ligne est accomplie; on ne voit plus dans le paysage que la bande 
        étroite du ballast et WaIler a de I'herbe jusqu'à la taille 
        quand il franchit la dernière étape de son voyage au no 
      man's land.
 Christian Wagner: Cela me fascine de penser en images, peutêtre aussi parce que j'ai 
        passé une grande partie de mon enfance et de ma jeunesse en plein 
        air, dans les montagnes. C'est ainsi que les paysages, dans le film, représentent 
        pour moi un moyen d'expression très important car ils créent 
        un état d'âme, ils en sont en quelque sorte le miroir, comme 
        une immense surface de projection pour I'imaginaire du spectateur; on 
        y découvre ce qui se cache en réalité dans notre 
        for intérieur. Les séquences tranquilles du parcours de 
        WaIler permettent au spec1ateur de donner libre cours à ses sentiments 
        et à ses pensées. Ou encore, pour citer Michelangelo Antonioni: «Une fois qu'on a 
        défini son cours I'histoire risque de s'y perdre si I'on refuse 
        de la laisser se prolonger vers I'extérieur, là où 
        nous vivons, nous les véritables personnages de toutes les histoires, 
        là où rien n'est définitif."
 
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